
5 idées fausses sur la rééducation vestibulaire qu’il est urgent de corriger
Trop souvent, les patients comme les professionnels de santé s’appuient sur des notions floues ou erronées lorsqu’il s’agit de rééducation vestibulaire. Ces idées fausses entretiennent la confusion, orientent mal les prises en charge, et invisibilisent le rôle central des orthoptistes. Voici 5 contre-vérités à rectifier d’urgence.
❌ Idée reçue n°1 : « Le vestibulaire, c’est l’oreille interne »
C’est faux. L’oreille interne joue un rôle dans la détection des mouvements de la tête, mais elle n’est qu’un capteur parmi d’autres. La perception du déséquilibre est une construction centrale, élaborée par le cerveau à partir de signaux multisensoriels : proprioception, vision, vestibule, cognition.
👉 Le “système vestibulaire” n’est pas une structure isolée, mais une intégration complexe, dans laquelle la vision joue un rôle majeur. Rééduquer le vestibulaire sans prendre en compte la vision c’est ignorer le levier essentiel de la compensation.
❌ Idée reçue n°2 : « Les troubles de l’équilibre relèvent de la kinésithérapie »
C’est inexact. Certains troubles posturaux ou proprioceptifs peuvent relever de la kinésithérapie, mais les déséquilibres sensoriels, en particulier ceux associés à des vertiges ou à une instabilité visuelle, relèvent de la rééducation visuo-vestibulaire, donc de l’orthoptie.
👉 Les kinés traitent le corps et son système musculo-squelettique. Les orthoptistes, le regard qui pilote ce corps. Dans le cadre des troubles vestibulo-oculaires, la rééducation visuelle est le point de départ, pas une option.
❌ Idée reçue n°3 : « La rééducation vestibulaire, c’est faire des exercices d’équilibre »
C’est très réducteur. Marcher les yeux fermés sur une ligne droite ou se tenir en équilibre sur une plateforme instable n’a de sens thérapeutique que si les signaux sensoriels impliqués sont corrigés en amont. Or, ces signaux sont en grande partie visuels.
👉 L’orthoptiste est formé pour corriger les troubles de fixation, les instabilités du regard, les désorganisations du réflexe vestibulo-oculaire (VOR). Sans cela, les exercices d’équilibre sont inefficaces ou contre-productifs.
❌ Idée reçue n°4 : « Les yeux ne peuvent être responsables de vertiges »
La question n’est pas de savoir si les yeux peuvent être la cause de vertiges mais bien de savoir si des vertiges peuvent donner des plaintes visuelles. Inévitablement, la réponse est oui, et il est très logique que les Orthoptistes soient consultés pour le traitement de ces plaintes.
Et s’il est vrai que les troubles de la binocularité ne donnent pas de vertiges rotatoires comme ceux que l’oreille interne peut produire, il n’empêche que ces troubles de la binocularité, toujours associés aux affections vestibulaires, génèrent aussi des symptômes sensoriels à caractère vertigineux. Par ailleurs, dans les troubles d’origine centrale, les premiers signes sont souvent oculomoteurs : poursuites saccadées, nystagmus, troubles de la fixation
Et même dans les atteintes périphériques, c’est la stabilité du regard en mouvement qui permet de retrouver une vie normale.
👉 La prise en charge orthoptique est donc essentielle, non seulement pour évaluer, mais surtout pour optimiser les mécanismes qui stabilisent l’image rétinienne pendant les déplacements. Sans image stable, pas d’équilibre stable.
❌ Idée reçue n°5 : « Tous les professionnels sont formés au vestibulaire »
Absolument faux. La rééducation vestibulaire est une spécialité complexe, qui nécessite des compétences fines en pathologie de l’oreille interne mais aussi de la vision, en neurophysiologie, en oculomotricité, en analyse sensorielle intégrée.
La plupart des formations de base, en particulier celles des kinésithérapeutes, n’abordent que partiellement ces domaines. Il est plus facile à un orthoptiste d’apprendre les pathologies du système vestibulaire qu’à un kiné d’apprendre ces pathologies du système vestibulaire et celles de la vision.
👉 C’est pourquoi les orthoptistes, dont le métier est centré sur la vision dynamique et le traitement des interactions tête-regard, sont les seuls à pouvoir proposer une prise en charge complète et cohérente des troubles visuo-vestibulaires.
✅ En conclusion
Les idées fausses ont la vie dure. Mais lorsqu’elles pénètrent les parcours de soins, elles deviennent dangereuses.
Le rôle de l’AORVV est de les corriger, de les documenter, et de rappeler que les orthoptistes sont les spécialistes naturels de la réhabilitation visuo-vestibulaire.
👉 Patients, médecins prescripteurs, collègues professionnels de santé : revoyez vos certitudes.
La vérité clinique est souvent plus complexe… mais elle est aussi plus efficace.