
Vestibulaire : ce que disent les chiffres (et que personne ne montre)
Dans le débat sur la rééducation vestibulaire, les discours sont souvent plus bruyants que les faits. Pourtant, les chiffres existent. Et ce qu’ils montrent est sans appel : les orthoptistes sont plus compétents, plus formés, et plus investis que ne le laisse penser la représentation publique actuelle.
Des orthoptistes très engagés dans le vestibulaire
D’après un sondage interne réalisé en 2024 au sein de notre réseau (Dropbox AORVV), une large majorité d’orthoptistes interrogés :
- prennent en charge régulièrement des patients vertigineux,
- ont suivi une formation complémentaire en rééducation vestibulaire,
- travaillent en lien direct avec des ORL et des neurologues.
👉 Plus de 72 % des orthoptistes ayant répondu déclarent intégrer systématiquement l’analyse des interactions visuo-vestibulaires dans leurs bilans.
Ce chiffre contredit l’idée — encore trop répandue — que l’orthoptie se limite aux strabismes et aux troubles de la convergence.
Une formation plus ciblée
En France comme en Belgique, les écoles d’orthoptie proposent depuis des années un enseignement spécifique du vestibulaire :
tests de VOR (réflexe vestibulo-oculaire),
- bilans oculomoteurs dans les troubles de l’équilibre,
- coordination œil-tête et stratégies de compensation visuelle,
- rééducation des déséquilibres sensoriels d’origine centrale ou périphérique.
Et pourtant, cette compétence reste invisibilisée dans les nomenclatures et méconnue du corps médical. En parallèle, des formations privées non diplômantes sont proposées à d’autres professionnels — souvent sur quelques jours seulement — qui revendiquent ensuite une compétence vestibulaire complète.
🎯 Résultat : des orthoptistes hautement qualifiés sont éclipsés par des praticiens moins formés, mais mieux organisés médiatiquement.
Des dérives de communication bien rodées
La communication autour du “vestibulaire” a été monopolisée par les kinésithérapeutes :
- Un vocabulaire flou, où “rééducation de l’équilibre” devient synonyme de “vestibulaire”.
- Des visuels marketing montrant des plateaux instables, des parcours moteurs, sans trace d’évaluation oculaire.
- Des associations professionnelles qui publient des tribunes complètes en faveur des kinés, comme le GDR Vertige sur LinkedIn.
👉 Ce brouillage sémantique est stratégique. Il entretient une confusion utile à certains… mais nuisible aux patients.
Des patients mal orientés
Selon une enquête menée en 2023 par un collectif de patients (source en attente de publication), plus de 60 % des personnes ayant souffert de vertiges chroniques ont d’abord été orientées vers un kinésithérapeute sans bilan visuel préalable.
Parmi elles, une majorité rapporte :
- une absence d’amélioration durable,
- une errance thérapeutique de plus de 6 mois,
- et une amélioration nette seulement après prise en charge orthoptique spécialisée.
Ces chiffres doivent interpeller : quand l’orthoptie arrive trop tard, la récupération est plus lente, plus coûteuse, et moins complète.
Ce que nous devons en conclure
Les chiffres ne mentent pas :
- Les orthoptistes sont formés.
- Les patients en bénéficient quand ils y accèdent.
- Mais ils restent peu visibles dans l’organisation des soins.
Ce n’est pas une fatalité. C’est une faille de représentation, et c’est là que l’AORVV intervient.
En conclusion
Le débat ne peut plus se faire sur la base d’impressions, de traditions, ou d’intérêts de corps de métier.
Il doit se faire à partir de faits, de résultats, de qualifications.
👉 Les chiffres existent. Ils montrent que les orthoptistes sont les mieux placés pour prendre en charge les troubles vestibulaires.
👉 Il est temps d’ajuster les discours… et les décisions institutionnelles.
L’AORVV œuvre pour que les données cliniques et de terrain soient entendues et traduites en reconnaissance.
Pas pour polémiquer, mais pour corriger une injustice fonctionnelle qui coûte du temps, de l’argent, et de la qualité de soins.